La ville de Leh se situe au Nord de l’Inde, dans la région de Jammu-et-Cachemire ; sa position stratégique, entre la Chine (conflit en 62), le Tibet et le Pakistan (conflits en 47, 65, 99), en a fait pendant longtemps une ville militaire fermée sur l’extérieur ; ses routes n’ayant été ouvertes au civils qu’en 74. Une inondation meurtrière, en 2010, a aggravé les conditions de vie, déjà difficiles du fait de l’altitude, du climat et de l’isolement, d’une partie de la population. La ville est un creuset multiculturel où Ladakhis, Tibétains, Indous, Sikhs et Cachemiris cohabitent dans une paix relative malgré quelques incidents ponctuels.
Nous sommes arrivés à Leh début juillet 2012, dans les conditions difficiles promises à quiconque n’a pas les moyens de se rendre au Ladakh en avion et se voit contraint à un long et épuisant trajet de plusieurs jours en bus.
Au premier étage de la maison, qui se situait en face de l’école, nous vivions avec Ladon, notre logeuse, paysanne ladakhie, et ses deux enfants ; à l’étage du dessous vivaient quatre autres familles. Il fut décidé avec le directeur de l’école de sélectionner au plus tôt les enfants désireux de participer à nos ateliers : au bout de quelques jours nous avions nos cinquante volontaires (vingt-cinq garçons et vingt-cinq filles, âgés de sept à seize ans) et les ateliers commençaient.
L’objectif était d’adapter sous forme théâtrale des contes tibétains.La majorité de nos élèves en effet, étaient Ladakhis, mais culture tibétaine et ladakhie sont similaires, ne serais-ce que par la religion, à savoir le bouddhisme tibétain (la Lamdon school étant en partie financée par le Dalaï-lama). Nous avions formé deux groupes mixtes de vingt-cinq que nous voyions chacun un jour sur deux ; les ateliers avaient donc lieu tous les jours, dans le réfectoire de l’internat des garçons (nos élèves étaient tous internes). Il s’agissait à la fois de familiariser des enfants souvent timides à la pratique du théâtre, mais aussi de créer les décors, les costumes, les masques, de préparer les passages musicaux et de monter le théâtre d’ombre que nous avions décidé d’intégrer à la pièce. Anne, amie et professeur de FLE, nous avait rejoint en aout comme prévu, pour nous aider dans les derniers préparatifs. La date de la représentation avait été fixée au 30 aout ; elle aurait lieu dans la salle des spectacles de d’école, devant les autres élèves.
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